Liberté, j’écris ton nom

En domestiquant le cheval, l’humain l’a forcé à s’accommoder à son mode de vie. Pourtant, ses besoins sont restés inchangés depuis des milliers d’années.

Pour des raisons pratiques, il est souvent maintenu dans des environnements qui ne le comblent pas. Un cheval au box ou dans un paddock verra par exemple son temps alloué à l’alimentation et aux déplacements fortement diminués. Les contacts avec les congénères peuvent être réduits voire inexistants. En 2016, une étude au Haras du Pin a permis de définir précisément le budget-temps des chevaux au box : ils passaient 45,2% du temps à manger, 10,6 % debout immobiles éveillés, 21,1% en repos debout, 15,5% en repos allongé, 1,2% en mouvement et 6% en dehors du box.
Malgré le fait qu’il passe 45% de son temps à manger, au box le cheval ne cherche pas sa nourriture, et donc ne se déplace pas. La nourriture est souvent donnée à heures fixes, deux ou trois fois par jour. Ces rations sont souvent à base de céréales. Trop énergétiques et inadaptées, elles entraînent des troubles digestifs et de comportement, notamment parce que le système digestif du cheval est fait pour manger de petites quantités de fibres tout au long de la journée. Les écuries actives ou organisées en paddock-paradise permettent aux chevaux de rechercher leur nourriture que l'humain dissémine à différents endroits. Un aménagement qui permet de se rapprocher au maximum de l’organisation naturelle de la vie des équidés.

À l’état naturel, les pieds des chevaux se parent grâce aux déplacements et aux différentes constitutions des sols. L’utilisation des chevaux pour le travail et le sport use fortement les sabots, raison pour laquelle beaucoup portent des fers. Si ceux-ci peuvent être intéressants dans le cas de pathologies très spécifiques, cette usure anormale qui conduit des propriétaires à ferrer leurs chevaux, témoigne d’une sur-utilisation du cheval. Il faut savoir accepter des résultats sportifs inférieurs de sa monture s’ils sont le reflet de ses capacités réelles.

Quand l’environnement fournit trop peu de stimuli et que les besoins ne sont pas respectés,  des troubles du comportement peuvent apparaître. Pour soulager son stress, décharger une tension nerveuse ou compenser, le cheval met en place des activités de substitution ou des stéréotypies. Ces dernières, aussi appelées « tics », sont des mouvements ou des actions non productifs et répétitifs comme :

  • Le tic à l’appui : le cheval attrape un objet fixe avec ses dents, souvent la porte de son box, et tire en arrière.
  • Le tic à l’air : c’est le même comportement mais sans appui.
  • Le tic de l’ours : le cheval se balance de droite à gauche en reportant son poids du corps d’un côté et de l’autre.
  • L’encensement : le cheval secoue sa tête de haut en bas en continu.
  • Le tic déambulatoire : le cheval tourne sans cesse dans son box.

Il ne faut pas essayer d’empêcher ces comportements. Il s’agit d’une manifestation de son mal-être, il est donc nécessaire de modifier l’environnement pour qu’il puisse satisfaire ses besoins physiques et physiologiques afin de le soulager durablement.

Texte écrit par Pauline Demange dans le cadre du passage des savoirs d'équitation éthologique

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